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Ricochet 3 : Homère Homère toujours recommencé

mercredi 21 mai 2008

Pourquoi scander ? Pour scandaliser la science muette. Pourquoi intoner ? Pour étonner la plate métrique. Pourquoi vocaliser ? Pour dévoyer la Grèce canonisée et sauver le Grec canonné. Et respirer le vers pour inspirer l’idée. Et hésiter de la voix, pour adhérer aux accidents du texte.
Le tout, ne pas craindre la dialectique des trois vertiges progressifs :

1 - premier vertige :

a) je ne sens pas l’éternel retour du mètre

(un temps x, entre cinq minutes pour les plus rapides, et une vie pour les plus dogmatiques)

b) Si, ça y est, je le sens

(un temps, quelques milliers d’hexamètres plus tard)

c) Malheur !(pour les plus sagaces) / Bonheur ! (pour les plus timorés) : je ne vois plus que dactyles et spondées

2 - second vertige :

a) je ne sens pas l’éternel retour du ton

(un temps, court quand on débute, plus long quand on doit se désintoxiquer de la pseudo-érasmienne)

b) Si, ça y est ! J’arrive à garder les pieds...sur les pieds, et à suivre les tons de la tête

c) Malheur ! (à ce stade, les aèdes "heureux" seront très rares) : je suis ballotté sur l’Océan des Différences, mon radeau prosodique disloqué à la moindre vague mélo-rythmique ! J’ai la consolation de m’accrocher aux récurrences les plus saillantes...

(un temps, qui ne dépend plus que du niveau d’obsession du patient)

3 - troisième vertige :

a) depuis un certain temps, obnubilé par les remous rythmiques et les creux mélodiques, je ne sens plus vraiment la matière phonétique du vers

b) ça y est ! la tempête s’apaise, et la colère de Poséidon ! La brume dissipée, je découvre le splendide paysage : embouchure du vers dans l’estuaire où son eau douce se mêle à la mer hexamétrique, montueuses courbes du second plan, aux collines groupées par deux, trois ou quatre, inégalement et harmonieusement espacées, contrastes des côla ensoleillés et des cadences à l’ombre, jouissance infinie de la Différence maintenant démasquée dans la grande Comédie du Même !

c) Malheur ! (exclamation des convalescents toujours menacés de rechute métrique) Que faire maintenant de tout cela...pour faire avancer la SCIENCE ?

je vous laisse conclure